Campagne Colombienne

 

Les campagnes électorales suisses : des débats enflammés, des politiciens hystériques qui crient dans les rues, des affiches qui pullulent dans tous les coins, des militants qui manifestent leur foi en leur candidat. Bref, le pays s’enflamme pour quelques temps avant de retomber dans sa tranquillité légendaire…

Ceci ce passe dans mes rêves les plus profonds, car le débat politique suisse est bien organisé, très civilisé et on aime le dire. On se retrouve tous et on discute autour d’une table.

En Colombie, j’en suis sûr, le potentiel existe pour que les campagnes électorales soient comme dans mes rêves : pétillantes et passionnantes. Les Colombiens ont l’énergie et l’hystérie pour s’emballer dans un débat politique, pour faire vivre une démocratie.

Cependant, la situation de conflit dans laquelle se trouve le pays depuis si longtemps, ne permet pas un épanouissement du débat politique.

Le président Uribe a beau dire que la Colombie est une démocratie (et c’est vrai), les droits et les libertés sont quelque peu différentes de celles qu’on connaît outremer.

En fait, ce cher président ressemble étrangement à  Bush, c’est un peu son petit frère. C’est un puritain qui aime l’armée et les chevaux. Il aime tellement l’armée qui l’a envoyée partout dans le pays pour écraser la guérilla. Quelque soit le prix. Du cheval il en fait à  une heure du matin dans le « Parque Nacional » en plein centre de Bogotà¡ et peu l’importe s’il doit réveiller la moitié du bataillon de la ville pour sa protection.

Son côté obscur réside dans ses liens avec les paramilitaires. Ses liens ne sont pas si obscurs car, en ce moment le soupçon qu’une partie de ses fonds de campagne proviennent du narcotrafic se camoufle entre les lignes des nouvelles colombiennes. Son « aura » est telle que le scandale a peu de chance d’éclater réellement. De plus c’est un homme de confiance, il fallait bien remercier ce petit geste financier alors, il a amnistié tous les paramilitaires qui voulaient rendre leur armes. Leurs crimes (pire que notre l’imagination nous le permet) ne seront jugés que si quelqu’un veut les dénoncer (( J’aborderai ce thème de manière plus approfondie dans un autre article. )) .

Le résultat de ce magnifique plan de paix est que maintenant 25’000 bourreaux se promènent en toute liberté et impunité.

Il est facile d’imaginer qu’une campagne électorale dans ses conditions est vite tendue. Les régions qui étaient sous l’emprise des paramilitaires le restent avec la différence que ceux-ci peuvent se présenter aux élections. Dès le mois de janvier Amnesty International a commencé à  dénoncer cette situation (rapport d’Amnesty). Il faut dire que plusieurs journalistes ont reçu des menaces de mort, à  ce jour quatre candidats ont été assassinés et nombreux sont ceux qui ont été menacés. « On savait comment allait être la campagne, l’important est de faire très attention à  soi et de ne pas se laisser intimider » (( Ya todos sabà­amos cà³mo iba a ser la campaà±a, lo importante es cuidarse mucho y no dejarse intimidarsemana )) nous dit Gustavo Petro du parti Polo Democratico Alternativo (gauche).

Cependant il ne faut pas croire que les menaces sont le monopole des « ex » paramilitaires, la guérilla use aussi ce procédé dans les régions qu’elle maîtrise. Il est d’ores et déjà  possible d’établir une carte des résultats du moment où l’ont connaît les déplacements des forces en présence.

Les seuls lieux où on aperçoit encore la lumière de la liberté ce sont les grandes villes comme Bogotà¡. Mais là  encore il ne faut pas trop rêver, les quartiers défavorisés ne sont pas des havres de paix. Les leaders de gauche se voient confinés à  la maison s’ils veulent pouvoir continuer leur lutte après les élections.

Il ne nous reste plus qu’à  se demander : mais que fait la police ? Où est l’armée ? La réponse est simple : elles obéissent au Président.



3 thoughts on “Campagne Colombienne

  1. J’ai pas grandchose d’intelligent à dire sur ton propos 🙂 Par contre, deux choses sur les liens que tu utilises :

    1/ lorsque tu cites un rapport (ici, amnesty) indique le liens pointant directement sur le rapport, plutôt que vers la racine du site (ici, http://www.amnesty-eu.org/)

    Le lien à mettre serait celui-ci : http://www.amnesty-eu.org/site/document.asp?cfid=11&id=164&cat=2

    2/ Yes ! Grâce à toi, j’ai enfin un moyen pour m’informer sur l’actualité d’amérique du Sud. Sur ton site de la “semana”, j’ai trouvé un lien rss ! http://semana2.terra.com.co/imagesSemana/rss/rsssemana.xml

    Mais c’est du bon, Semana ? T’en connaîtrais d’autres, maintenant que t’es bien installé ? L’équivalent du Monde, c’est quoi ? :)))))

  2. Semana est probablement le meilleur hebdomadaire Colombien. Un bon quotidien (avec RSS) est El Tiempo (http://eltiempo.terra.com.co/) sinon il existe El Espectador mais il ne parait que le week-end (http://www.elespectador.com/html/i_portals/index.php)
    Le seul truc dont il faut être conscient est que tous les journaux Colombiens appartiennent à la même classe politique: la droite libérale : une étude (suédoise je crois) avait montré que le vocabulaire employé n’était pas le même pour définir les actes des FARC (tuerie, barbarie…etc) que pour les militaires et paramilitaires (conflit, guerre…)
    Cela a un peu changé car maintenant ils osent être un peu plus critique face au gouvernement … mais les journalistes sont encore largement persecutés. Certain vivent même en dehors du pays pour pouvoir écrire ce qu’il veulent (+ ou -)

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