Les blogs sont-ils l'information de demain ?

C'est ici que tout ce qui concerne les sujets du blog peut être évoqué. C'est un bon moyen de continuer une discussion un peu "à l'étroit" :)
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psykotik
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Les blogs sont-ils l'information de demain ?

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Je vais utiliser ce sujet pour ajouter quelques idées, débats, liens, au fur et à mesure de mes pérégrinations.

Autour du titre "Les blogs, amis ou ennemis du journalisme ?", le parlement européen s'est penché le 12 septembre 2005 sur le phénomène des blogs :
Faut-il s'inquiéter de la multiplication des Blogs sur Internet? Les Blogs sont-ils une menace pour les journalistes? Quelle responsabilité pour les Bloggeurs? Voici quelques unes des questions soulevées lors du premier débat, d'une série de trois, organisé, le 12 septembre, par le Parlement européen, sur les implications de la société de l'Information.


Comme l'a fait observer Mme Karlin Lillington, journaliste au Irish Times et spécialiste des technologies de l'Information, "les journalistes sont confrontés aux lois sur la diffamation tandis que certains bloggeurs se comportent comme s'ils étaient dans le Far West. Les Bloggeurs vont affirmer des choses sans révéler de sources. Et de plus en plus, les blogs sont utilisés pour la promotion de certains produits sans restrictions".

M. Thomas Burg, de Blogtalk.net, voit les choses de manière différente en soulignant qu'avec "les blogs il s'agit avant tout de partage, d'échange et de connexion entre les gens". A ses yeux, les Blogs doivent être considérés comme des conversations libres entre personnes qui n'ont pas besoin d'adhérer à des règles spécifiques et non comme des informations produites sur Internet. M. Aidan White, le Secrétaire Général de la Fédération Internationale des Journalistes ne partage pas ce point de vue. Il a rappelé que toute société démocratique fixe certaines normes et certains standards qui doivent être respectés par tous. Il a ainsi regretté l'absence de cadre juridique pour combattre la pornographie des enfants et les weblogs diffamatoires ou appelant à la haine sur Internet. M. Richard Corbett, le premier député européen à avoir lancé son propre blog, est du même avis mais il s'est montré peu optimiste sur la possibilité de renforcer la responsabilité et la fiabilité des blogs.

Pour ces raisons, M. White estime que les sites Internet des organes de presse traditionnels comme la BBC ou CNN ont encore de beaux jours devant eux. "Les gens ont peu de temps et veulent être sûrs que les sites qu'ils visitent sont fiables, tandis que de nombreux weblogs sont un tissu de bêtises", a-t-il remarqué. En revanche, les blogs ont le mérite de réactiver le débat sur les méthodes et pratiques du journalisme, un débat qui se faisait attendre. Mme Lillington s'est montrée pour sa part sceptique sur l'idée que les bloggeurs pouvaient pousser des grands medias à mettre la clé sous la porte, en ajoutant qu'elle attendait le premier procès en diffamation d'un bloggeur. Toutefois, d'une manière générale, les intervenants ont jugé que les weblogs pouvaient compléter le journalisme traditionnel, car ils permettent aux journalistes et à d'autres d'écrire sur des histoires qui ne seraient sans doute jamais publiées; encore faut-il que le blog soit utilisé de manière intelligente. M. Corbett a par exemple expliqué que son blog lui permet au moins de combattre les idées eurosceptiques véhiculées par une certaine presse en Grande-Bretagne et d'avoir des contacts avec ses électeurs. La possibilité de communiquer avec les visiteurs de blogs peut se révéler un atout, ont estimé en général les participants au débat quoique le problème se pose une nouvelle fois sur la possibilité de visiteur indésirable. C'est pour cette raison, a expliqué M. Corbett, qu'il veille aux réactions qu'il reçoit.

S'agissant de la vie privée, Mme Lillington a reconnu que les weblogs s'étaient révélés une source d'information utile en décembre dernier au moment du Tsunami et que les photos prises par des passants après les attaques dans le métro de Londres ont été mises sur Internet avant celles des médias, tout en soulignant que ceci pouvait porter atteinte à la vie privée. "Il ne s'agit pas là de nouveaux crimes mais de nouveaux instruments pour les commettre" a-t-elle ajouté.

M. Guido Baumhaumer, Rédacteur en chef de l'édition en ligne de la Deutsche Welle, qui a conduit le débat, a conclu par cette citation de Paul Saffo de l'Institut du futur : le blogging est une forme transitoire en devenir.
psykotik
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Un article expliquant le système adsense de google ou pour faire de l'argent en général avec les blogs.
psykotik
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Une autre approche du blog, plus individuelle, mais tout aussi intéressante que je n'ai pas développé, dont parle libération :
Mark Jen dit qu'"[il est] encore sous le choc de ce qui est arrivé, mais qu'à l'époque [il] n'avait peut-être pas mesuré tout le pouvoir des blogs". Le 17 janvier, il était tout heureux, à 22 ans, de débarquer à Google comme programmateur. Pour célébrer son nouveau job à sa façon, il a donc créé son weblog, histoire de livrer ses premières impressions à la planète internaute. "Au début, je n'en avais vraiment parlé qu'à ma famille et à mes amis, explique-t-il, et j'ai commencé à écrire ce qui me passait par la tête. C'est vrai, j'ai dit que j'étais déçu de l'assurance santé, qui était un peu moins bonne qu'à Microsoft, mon précédent employeur. Je me suis également demandé si la nourriture gratuite à la cantine n'était pas un moyen de faire travailler les salariés tard le soir. Mais je ne me doutais pas de la tempête que cela déclencherait."

"L'employé mécontent"

Très vite, le blog de Mark Jen a été repéré par plusieurs journaux et sites Internet. Il devient alors "l'employé de Google mécontent" et une sorte de star involontaire de la toile. Dans un premier temps, Google lui demande d'amender ses remarques. Puis, le 28 janvier, il est purement et simplement licencié.

A elle seule, l'histoire de Mark Jen traduit la petite révolution qui est en train de secouer les sociétés américaines. De plus en plus, grandes et petites compagnies doivent faire face à l'explosion exponentielle des blogs ­ ces journaux personnalisés que chacun peut publier librement sur l'Internet ­ comme nouvelle forme d'expression de leurs employés.

Dans certains cas, le blog est celui de la firme elle-même, qui le transforme alors en outil marketing pour développer un lien plus "personnel" avec ses clients. Mais souvent, ce sont les salariés qui décident de prendre individuellement la parole et peuvent ainsi louer ou critiquer ouvertement leurs employeurs et leurs produits. Dès lors, c'est toute l'organisation du travail qui s'en trouve modifiée, ainsi que le rapport de forces au sein de l'entreprise.

Aujourd'hui, on estime qu'il existe près de 10 millions de blogs sur le web et qu'il s'en crée environ 40 000 tous les jours. Personne ne sait quelle est la proportion de blogs d'employés, mais ils sont de plus en plus visibles. "Ce qui est clair, c'est que le blog est devenu un instrument de communication formidable au sein de l'entreprise, relève David Meerman Scott, un expert des nouvelles technologies. Quand la direction décide de créer son propre blog, elle peut livrer directement son message à ses clients et essaie d'en tirer profit. Mais le plus délicat reste de gérer les blogs "libres" des uns et des autres. Le blog est, par essence, incontrôlable. Un salarié peut révéler des secrets ou utiliser son blog pour tenter de changer des règles sociales dans son entreprise en faisant part de ses problèmes."

Mark Jen, lui, parle d'autant mieux de ses mésaventures qu'il travaille désormais chez Plaxo, une start up californienne qui favorise les contacts entre internautes. A peine ses désagréments avec Google avaient-ils été étalés à la une de la presse que Plaxo l'a contacté... afin de coordonner sa propre politique de blogs. "J'ai tiré pas mal de leçons de ce qui m'est arrivé, explique-t-il de façon très officielle et policée, notamment qu'un employé doit être plus sensible à la culture et aux traditions de sa compagnie. Je sais aussi que le blog est une arme à double tranchant, et que les blogueurs sont en train de changer la façon dont fonctionnent les entreprises, notamment leur stratégie de communication."

La hantise des chargés de relations publiques

Dans certaines compagnies, les blogs sont ainsi devenus la hantise des chargés des relations publiques, qui se sentent court-circuités et sont aussi contraints de réparer les dégâts. Dans le cas de Mark Jen, Google a dû expliquer qu'il comptait de nombreux blogueurs parmi ses salariés, mais qu'il leur demandait d'utiliser leur "sens commun", afin de ne pas écrire n'importe quoi. Il n'empêche, le moteur de recherche a reçu des milliers de mails de protestation après le licenciement de Jen et n'a pas pu éviter la mauvaise publicité. Se sentant obligé notamment de défendre son système d'assurance santé.

"Il est trop tôt pour pouvoir déterminer si le blog sera profitable ou non à l'entreprise, estime Rick Segal qui, sur son blog The Post Money value, analyse à volonté la blogosphère. Ce qui est sûr, c'est que le blog ne laisse aucun temps à la réflexion. On peut se demander par exemple si sur certains sujets, d'ordre salarial ou social, il ne serait pas mieux d'avoir une négociation et un dialogue traditionnels au sein de l'entreprise plutôt que de voir le mécontentement d'un employé étalé tout de suite sur la place publique. Cela ne signifie pas forcément que le conflit sera réglé plus facilement."

Dans la blogosphère, Robert Scoble s'est déjà bâti une belle réputation. Ingénieur chez Microsoft "il se définit comme "évangéliste technique" ", il a un blog consacré aux nouvelles technologies depuis longtemps. Premier supporteur de son entreprise, il en est aussi le premier détracteur, quand il n'approuve pas un produit ou sa direction. Le mois dernier, il a fait parler de lui (Libération du 9 mai). Dans une note publiée le 23 avril, il s'en prenait directement à son PDG, Steve Ballmer, en lui reprochant d'avoir abandonné son soutien à une loi de l'Etat de Washington contre la discrimination envers les homosexuels. "Steve, je suis attristé, très attristé. C'est cela ton leadership ?", s'indignait-il, en rappelant que Microsoft a toujours pris position en faveur des minorités. Aussitôt, il enclenchait une discussion avec des responsables de Microsoft qui lui répondaient sur son blog. Au passage, Scoble précisait qu'il avait eu l'accord de Microsoft pour rendre publique sa "Lettre ouverte à Steve Ballmer". Deux semaines plus tard, Ballmer faisait volte-face et réitérait le soutien de Microsoft à la législation progay.

"La meilleure idée gagne"

Quand on lui demande si le blog est devenu pour lui un moyen de "faire pression" sur sa direction, Robert Scoble répond "peut-être, en partie". Mais il ajoute aussitôt que ses patrons sont très satisfaits de ce qu'il fait. "La culture, ici, a toujours été d'initier un débat et de faire en sorte que la meilleure idée gagne. Je n'ai aucune censure sur mon blog et on me laisse faire ce que je veux. Je suis en train de réaliser des vidéos, par exemple, que je montre sur l'Internet. J'y interviewe les employés de Microsoft et je leur demande leur avis sur tout un nombre de sujets. Cela ne peut être que profitable à Bill Gates de savoir ce que pensent ses salariés."

"Ce qui est sûr en tout cas, note Mark Jen, c'est que les entreprises américaines, qu'elles le veuillent ou non, ne pourront pas échapper au phénomène des blogs." "Chacun devrait essayer de définir ses propres règles, conclut-il. Chez Plaxo, l'idée n'est pas de contrôler les employés blogueurs, mais de faire en sorte qu'ils ouvrent un espace de discussion et de critiques constructives. Le blog est forcément positif car il oblige à plus de transparence et peut permettre notamment d'identifier très rapidement un problème sur un produit ou un service. En évitant la langue de bois habituelle des porte-parole de telle ou telle compagnie." Il n'empêche, même pour Mark Jen, la liberté des employés blogueurs a ses limites : "Bien sûr, si quelqu'un passe son temps à critiquer la compagnie de façon abusive, alors cela n'est pas acceptable. Il faut savoir fixer des limites."
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