(par Marie-Hélène Miauton, du journal suisse Le Temps, daté du 30/04/2010)
Cela fait bien longtemps que nous avons renoncé à administrer la mort aux malfaiteurs et aux assassins, ce qui est juste. Mais ce qui l’est moins, c’est que les médias aient les yeux doux pour un jeune voleur de voitures et la plume acerbe pour le gendarme qui lui a tiré dessus. Par Marie-Hélène Miauton
Le décès, sous les balles d’un gendarme, d’un jeune Français d’origine kurde, prévenu de vol de véhicule, ne satisfait personne. Cela fait bien longtemps que nous avons renoncé à administrer la mort aux malfaiteurs et aux assassins, notre société répugnant au principe «œil pour œil, dent pour dent» jugé à juste titre peu civilisé. Il est donc normal qu’une instruction ait lieu pour déterminer le pourquoi et le comment d’un acte qu’on ne saurait banaliser.
Ce qui est moins juste en revanche, c’est que les médias aient les yeux doux pour le voleur et la plume acerbe pour le gendarme. Cette attitude est irresponsable, même si elle intervient dans un monde où l’on veut nous faire croire que les méchants et les gentils ne sont jamais ce qu’ils semblent être, c’est-à-dire que les voleurs sont tous des Robin des Bois et les flics tous des ripoux. Trop facile! En outre, le risque zéro ne saurait exister ni chez les uns ni chez les autres mais, au choix, il serait normal de viser en priorité la survie du policier. Ce n’est malheureusement pas le cas.
Quels sont les ingrédients de cette histoire? Trois voitures volées, un conducteur qui fonce à toute allure dans un tunnel d’autoroute où un barrage a été placé, un gendarme qui se sent en danger en voyant arriver ce bolide, tire plusieurs fois pour arrêter la voiture, et tue son passager. Il semble avéré, malgré la description idyllique par sa famille d’un jeune au-dessus de tout soupçon («C’était un jeune homme parfait. Il ne buvait pas. Il ne fumait pas. Il avait obtenu un diplôme dans le bâtiment. Depuis une année, il était chef de chantier dans l’entreprise familiale.»), qu’il s’agissait au contraire d’un voyou déjà connu de la police et qui n’en était donc pas à ses premières frasques.
Son frère jumeau n’a-t-il pas été arrêté ensuite sous l’accusation d’actes délictueux, celui-là même qui s’était permis de déclarer à la presse suisse «Je n’attendais pas ça du pays des Droits de l’homme». Beau culot! Les parents ont d’ailleurs renchéri sur ces accusations indécentes en affirmant «Notre fils a été exécuté.»
Mais posons-nous la question de savoir comment les proches du défunt ont pu faire le déplacement en Suisse à 70 personnes! Même en connaissant la taille des smalas orientales, cette transhumance a évidemment été orchestrée et sans doute payée. Par qui? Et dans quel but? Y aurait-il une signification politique là derrière, ce que ne saurait contredire le choix de l’avocat de la famille,
Me Dolivo, bien connu pour ses attaches à l’extrême de la gauche. Sachant que la règle veut, chez nous, qu’un avocat n’interpelle pas ses clients potentiels (selon l’étymologie de ce nom venant du verbe latin advocare: appeler à soi, convoquer), comment ces Français, ignorant tout du canton de Vaud, ont-ils bien pu le dénicher? Sur la base de quels bons conseils? Voilà des questions passionnantes sur la façon dont s’organise la récupération d’une cause, voire son instrumentalisation, qui devrait alerter maints journalistes d’investigation. Où sont-ils donc?