Wanted

Ou : Lorsque qu’un faiseur de vampires russes s’essaie à l’univers des comics

Timur Bekmambetov avait déjà réalisé Nochnoy dozor (aka Nightwatch). Puis Dnevnoy dozor (aka Daywatch). Il aime les histoires fantastiques, et il le fait savoir au monde entier. La Russie a beau être nostalgique de son glorieux passé impérialiste et s’y réessayer, si l’on veut faire du cinéma a budget, c’est chez l’Oncle Sam que ça se passe; Bekmambetov, dont les canines ont été remarquées outre-pacifique, a signé une adaptation facho-esthétisée qui plaira beaucoup au fans de jeux vidéos, nourris à la Wolfenstein . Scènes aux discours que Joel Schumacher applaudirait des deux mains, l’invraisemblable divertissement a du mal a cacher son coeur malade, même si il palpite à 400 pulsations/minutes.

Pourtant, ça commence plutôt bien : Wesley Gibson (James McAvoy) végète dans un univers inspiré de Fight Club, où il achète des capotes à un son meilleur ami, un meilleur ami qui s’empressera de les utiliser avec sa fiancée. Sur une table (clin d’oeil appuyé) Ikéa. Il est cocu, et il le sait. Mais il se fout de tout. Son âme est vide, plus rien ne l’atteint vraiment; et de se rappeler Edward Norton, le regard creux, faisant des photocopies. Est-ce un hasard que McAvoy ressemble tant au fluet acteur de Fight Club ? Univers carcéral transposé dans un monde de gratte-papier, le début promettait. Mais la suite déçoit. L’histoire qui suit est en effet du pur jus hollywoodien dans ce qu’il a de moins intéressant : des sauts au-dessus de trains, voitures, immeubles, explosions à la Matrix, et, nouveautés esthétisante, balles qui peuvent suivre des trajectoires courbées. On se demande comment est-ce qu’on faisait des films avant l’arrivée du numérique.
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Dis, papa, c’est quoi un raciste ?

Mon fils, ne cède pas à la croyance populaire : un raciste des temps moderne n'a rien en commun avec les partisans nazi. Au contraire, il s'en sert pour se convaincre que lui, il n'a rien en commun avec ces barbares d'une époque révolue; les formes les plus extrêmes de racismes permettent à d'autres formes, aujourd'hui, de s'épanouir totalement décomplexées. Ainsi, de nombreux comportements racistes peuvent être quotidiennement observés dans nos sociétés démocratiques, sans que personne ne s'émeuve. Car mêmes…

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Prise trois : l’extrémisme à nouveau au pouvoir, rappel

Après avoir annoncé la « victoire confortable » du Fatah dans la journée du 25 janvier, les journaux ont dû tourner casaque : c’est le Hamas, parti prônant la lutte armée contre Israël, qui dans les faits a la majorité (mais non absolue) au parlement palestinien.

Ma réaction à vif fût de faire un parallèle avec l’Algérie. L’Algérie est une sale histoire qui m’a fait beaucoup réfléchir sur le concept de démocratie, sur des propos démagogues au possible tels que « le peuple a toujours raison ». L’Algérie est à ma connaissance le premier fossoyeur de Rousseau : en décembre 1991, le FIS prédit dès le premier tour comme étant susceptible de prendre le pouvoir dans le vaste Alger, toute l’élite politique refusera l’évidence, se sacrifiant (« démission » du président Chadli) au nom de la démocratie. Souvent bien aidée par l’armée, mais ce n’est pas le propos : l’Algérie démontre que le peuple n’a pas toujours raison, et que parfois il peut pousser les dirigeants à choisir entre la préservation des valeurs démocratiques, et la préservation de la démocratie elle-même. Cruel dilemme, surtout lorsqu’on sait rétrospectivement que de ce choix résultera la guerre civile la plus meurtrière qu’ait connu un pays arabe. Contrairement aux idées reçues, Hitler n’est pas arrivé au pouvoir par la voie des urnes : n’oublions pas l’incendie du Reichstag. Et jusqu’à l’Algérie, on pouvait encore croire que des élections démocratiques permettaient de se prémunir contre le fascisme, qu’il soit vert ou brun.

Une seconde piste de réflexion m’a été suggérée par le blog « le monde à l’envers », lequel se lance dans une comparaison avec l’arrivée du FPOe de Joerg Haider en Autriche. Bien qu’en (très) profond désaccord avec la plupart des billets de ce blog, je trouve la comparaison plutôt bien trouvée : c’est pourquoi je me suis lancé dans l’épluchement des archives d’époque, des commentaires liés à l’arrivée de Haider. Bien que conscient des grandes différences qu’il peut exister entre l’histoire autrichienne et palestinienne, des limites de l’analogie entre les deuxième et troisième exemples d’une population portant démocratiquement le fascisme au pouvoir, je crois qu’il peut être intéressant d’observer comment l’information fût traitée en octobre 1999, lorsque le FPOe fût la grande surprise législative autrichienne, arrivant en deuxième position derrière les éternels sociaux-démocrates, et devant les conservateurs.

Plus qu’une comparaison Palestine-Autriche, je vais me hasarder à retracer de manière relativement détaillée les événements qui suivirent la percée du FPOe. En effet, si la tentation d’en extraire la seule moelle est forte, à des fins analytiques, le futur comportement du gouvernement palestinien est à mon avis très incertain. Aussi, la synthèse comparative serait par trop biaisée pour être objective; ma rétrospective sera donc principalement factuelle.
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