L'Irak face à la guerre civile : "je vous l'avais bien dit"

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L'Irak face à la guerre civile : "je vous l'avais bien dit"

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Article de l'Humanité, du jeudi 20 Mars 2003
" L'arrogance du pouvoir "
par Robert Byrd (*)
" Je crois en ce magnifique pays. J'ai étudié ses racines et glorifié la sagesse de sa fantastique Constitution. J'ai été émerveillé par la sagesse de ses pères fondateurs. Génération après génération, les Américains ont compris les idéaux élevés qui sous-tendent notre grande République. J'ai été inspiré par l'histoire de leur sacrifice et de leur force.
Mais, aujourd'hui, je pleure pour mon pays. J'ai regardé les événements des mois passés avec le cour très lourd. L'image forte d'une Amérique n'est plus. A travers le monde, nos amis ne nous font plus confiance, nos paroles sont contestées, nos intentions mises en cause.
Plutôt que de raisonner avec ceux qui étaient en désaccord, nous avons exigé allégeance ou menacé de représailles. Au lieu d'isoler Saddam Hussein, nous avons semblé nous isoler nous-mêmes. Nous proclamons une nouvelle doctrine "préventive" qui est comprise par peu et redouté par beaucoup. Nous disons que les Etats-Unis ont le droit de diriger sa puissance de feu dans n'importe quel coin du globe qui pourrait apparaître comme suspect dans la guerre contre le terrorisme. Nous affirmons cela juste sans l'accord d'aucune instance internationale. Résultat, le monde est devenu un endroit bien plus dangereux.
Nous faisons étalage de notre statut de superpuissance avec arrogance. Nous traitons les membres du Conseil de sécurité comme des ingrats qui offensent notre dignité princière en relevant la tête. Les alliances ont explosé. Après la guerre, les Etats-Unis auront à reconstruire bien plus que l'Irak. Nous aurons à reconstruire l'image des Etats-Unis à travers le monde.
La démonstration que l'administration essaie de faire afin de justifier sa fixation sur la guerre est teintée de documents ou charges falsifiés ou de circonstance. Nous ne pouvons pas convaincre le monde de la nécessité de cette guerre pour une raison très simple. C'est une guerre de convenance.
Il n'existe aucune information crédible concernant le lien entre Saddam Hussein et le 11 septembre. Les tours jumelles sont tombées à cause d'un groupe terroriste international, al Qaeda, avec des cellules dans soixante pays, qui s'en est pris à notre richesse et notre influence en transformant nos avions en missiles.
La brutalité du 11 septembre et d'autres attaques terroristes dont nous avons été témoins à travers le monde sont autant d'efforts violents et désespérés pour arrêter l'empiétement quotidien des valeurs occidentales sur leurs cultures. Voilà ce que nous devons combattre. C'est une force qui n'est pas confinée par les frontières. C'est une entité fantôme avec beaucoup de visages, de noms et d'adresses.
Mais, cette administration a dirigé toute la colère, la peur et la douleur qui ont émergé des cendres des Twin Towers vers un scélérat concret que l'on peut voir, haïr et attaquer. Et c'est un scélérat. Mais c'est le mauvais scélérat. Et c'est une mauvaise guerre. Si nous attaquons Saddam Hussein, nous le retirerons probablement du pouvoir. Mais le zèle que nos amis ont mis dans la guerre globale contre le terrorisme s'est déjà peut-être envolé.
Le malaise général qui entoure cette guerre n'est pas seulement dû à l'"alerte orange" (niveau d'alerte décrétée par le gouvernement américain- NDLR). Il y a un envahissant sens du risque et de la précipitation et trop de questions sans réponses. Combien de temps resterons-nous en Irak ? Quel en sera le coût ? Quelle est la mission fondamentale ? Quelle est la réalité du danger chez nous ? Un voile est tombé sur le Sénat. Nous évitons de débattre - pourtant, notre charge solennelle - du seul sujet que les Américains ont à l'esprit, même lorsque des milliers de nos fils et filles font fidèlement leur boulot en Irak.
Que se passe-t-il dans ce pays ? Quand sommes-nous devenus une nation qui ignore ses amis ? Quand avons-nous décidé de prendre le risque de miner l'ordre international en adoptant une approche doctrinaire de l'utilisation de notre imposant pouvoir militaire ? Comment pouvons-nous abandonner les efforts diplomatiques alors que la confusion dans le monde appelle de la diplomatie ? Pourquoi ce président semble ne pas voir que le véritable pouvoir de l'Amérique réside, non pas dans la volonté d'intimidation, mais dans sa capacité à inspirer ?
La guerre apparaît inévitable. Mais je continue d'espérer que les nuages vont se dissiper. Peut-être Saddam va tourner le dos et s'enfuir. Peut-être la raison va encore prévaloir. Je suis avec ces millions d'Américains qui prie pour que nos troupes et les innocents civils en Irak soient sains et saufs et pour la sécurité de notre territoire. Puisse Dieu continuer à bénir les Etats-Unis d'Amérique dans les jours troubles qui vont venir et puissions-nous retrouver la vision qui pour l'instant nous échappe. "
(*) Sénateur de l'Etat de Virginie-Occidentale. Doyen du Congrès américain.
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Le Figaro, le samedi 22 mars 2003
Roy : "Une après-guerre problématique"

Islamologue et directeur de recherche au CNRS, professeur de sciences politiques à Paris et à Princeton. Auteur notamment de L'Islam mondialisé et Les Illusions du 11 septembre (Seuil), Olivier Roy analyse les enjeux immédiats et durables de la campagne d'Irak.

LE FIGARO. – Les opinions publiques occidentales s'interrogent d'abord sur la légitimité de l'intervention américaine. Qu'en pensez-vous ? Olivier ROY. – Deux interprétations majeures ont cours sur la question de la légitimité. Pour certains, les résolutions antérieures de l'ONU justifient la position actuelle des Etats-Unis ; pour d'autres, l'action américaine dans le Golfe est nulle et non avenue du point de vue du droit international, en l'absence de résolution onusienne. Mais en réalité, la question de la légitimité doit être abordée comme une question profondément politique. C'est leur spécificité historique : les Etats-Unis se réclament beaucoup moins du droit international que d'une sorte de morale internationale, presque de droit divin. Ce qui compte, pour eux, c'est la conformité de leurs objectifs en matière de politique étrangère aux valeurs internationales. Si ces dernières sont sauves, on n'a pas à s'encombrer du droit international au sens strict. Les Etats-Unis se sont toujours définis davantage par rapport à un système de valeurs que par rapport à un système juridique. Si les buts de guerre américains sont "bons", sont-ils également réalistes ? Ces buts de guerre ne me paraissent pas tenables, ni dans un futur immédiat ni dans une phase ultérieure. La feuille de route militaire ne devrait pas, en elle-même, poser trop de problèmes, quelle que soit la fortune des armes. La plus grande inconnue concerne l'étendue des pertes civiles, sachant que les Américains peuvent très bien faire retomber la responsabilité des pertes civiles sur Saddam Hussein, surtout si ce dernier utilise de manière indiscriminée des armes chimiques. La vraie pierre d'achoppement de la stratégie américaine est l'après-guerre. Si la guerre menée par les Etats-Unis doit se résumer à occuper l'Irak et à éliminer les armes de destruction massive pour, in fine, remettre les clés à un nouveau gouvernement qui serait avant tout nationaliste, alors à quoi bon ? Cela reviendrait à voir se perpétuer les problèmes du Moyen-Orient. Cette guerre ne fait sens que si les Américains stationnent longtemps en Irak, tentent d'y installer un régime stable et démocratique tout en continuant à intervenir, quand c'est nécessaire, après avoir extirpé les armes de destruction massive ; quant aux terroristes, ce n'est pas en Irak qu'ils sont. Ce scénario sera-t-il facile à mettre en oeuvre ? Non, car la position américaine est prisonnière d'une série de contradictions. La guerre sera de courte durée, mais l'après-guerre sera autrement plus problématique. D'abord un flou sémantique entoure la formule de l'objectif affiché : "un Irak démocratique et stable". Pour les Kurdes, par exemple, la démocratie c'est un Kurdistan libre, autonome sinon indépendant. Pour les Arabes, démocratie veut dire souveraineté nationale. Dans une mosaïque ethnique comme l'Irak, la reconstruction sera-t-elle aussi périlleuse qu'en Afghanistan ? Là où le bât blesse, c'est que les Américains ne voient pas que la démocratie est forcément portée par le nationalisme. On ne peut pas parachuter la démocratie en faisant l'économie du nationalisme. Les "faucons" ont beau faire valoir que, par essence, la démocratie est non belligérante, ils ne voient pas qu'à ses débuts une démocratie renferme une grande part de nationalisme. Le vote récent du Parlement d'Ankara, interdisant aux Américains l'utilisation du territoire turc, le prouve d'ailleurs : la démocratie, surtout quand elle est balbutiante, va de pair avec le nationalisme. En effet, c'est au nom même de la démocratie que les Turcs n'ont pas accepté que les Américains semblent tenir leur alliance pour acquise. Ceci dit, les fautes de stratégie des Etats-Unis n'exonèrent en rien le régime irakien. La férule de l'Etat baasiste est inacceptable, ignoble. Le Bismarck du Moyen-Orient, cela fait longtemps qu'on aurait dû s'apercevoir de sa dangerosité. De surcroît, je ne suis pas opposé à la guerre que les Américains lui ont déclarée. Le problème c'est que tout régime irakien alternatif reprendra un certain nombre d'exigences et de mots d'ordre de Saddam Hussein : la revendication d'une armée forte, l'octroi aux Kurdes d'un minimum – non d'un maximum – d'autonomie. Dans Le Choc des civilisations, Samuel Huntington a mis en garde les Etats-Unis contre la tentation de jouer les "gendarmes" dans des civilisations qu'ils ne comprennent pas. La "vieille Europe" vilipendée par Donald Rumsfeld n'est-elle pas plus "huntingtonienne" que l'Amérique ? Les Américains ne feront appel à l'ONU pour la reconstruction de l'Irak que s'ils ont besoin d'elle. L'Europe n'a donc pas à se porter tout de suite volontaire. La position de l'Europe devrait consister à faire entendre une autre voix : "Les Américains ont attaqué l'Irak, on ne va pas pleurer sur Saddam Hussein", pour ajouter aussitôt : "Nous condamnons la stratégie des Etats-Unis. Car les Américains, en refusant l'aval de l'ONU et en décidant d'intervenir unilatéralement, mettent en danger les instances internationales." L'Europe devrait aussi recentrer ses critiques à l'égard des Etats-Unis sur la question des équilibres internationaux. Un jour, nous allons payer très cher le refus américain de prendre en compte les équilibres internationaux. Que voulez-vous dire ? La doctrine des "faucons" du Pentagone revient à mépriser la notion d'équilibre. Depuis le XIX e siècle, les grandes puissances ont raisonné en termes d'équilibres. C'est ce que préconisait encore récemment Henry Kissinger. La "deuxième guerre du Golfe" rompt avec cette notion d'équilibre et ressuscite une diplomatie plus offensive, mais aussi plus dangereuse. Les Américains n'ont pas compris, ces derniers mois, les fortes réserves des Européens, et notamment des dirigeants français. Tandis que certains Européens étaient hantés par la déstabilisation régionale qu'une guerre en Irak est susceptible d'entraîner, l'Administration américaine préférait, à tout prendre, une instabilité à une injustice. Face à un processus de paix israélo-palestinien bloqué et à des régimes arabes vermoulus, la stratégie de Washington a consisté à précariser coûte que coûte des équilibres qui sont ressentis comme autant de pièges et d'instruments du statu quo. C'est la grande erreur de cette stratégie. Cela aboutit à casser un consensus international nécessaire à la reconstruction de l'Irak. J'ai des doutes sur la capacité des Américains à assurer, sur le long terme, l'après-guerre. Et la question du pétrole ? C'est une projection tortueuse des Européens. Si les Américains se "payaient sur la bête" en Irak, ils recevraient de plein fouet le choc en retour des nationalismes irakiens, pour lesquels le pétrole est un enjeu central. Les entrepreneurs pétroliers du Moyen-Orient ne jouent plus le jeu qui fut celui, par exemple, des compagnies anglo-saxonnes face à Mossadegh. Ils préfèrent les règles transparentes du marché et son indépendance par rapport au pouvoir politique. Il est absurde d'affirmer que l'Amérique irait en Irak pour le pétrole ! Quand bien même elle le ferait, elle ne pourrait même pas s'en servir pour financer ses troupes... Pourquoi les Européens se font-ils une idée "tortueuse" des buts de guerre ? Les Américains n'ont pas cessé, ces derniers mois, de justifier l'offensive qu'ils préparaient à l'aide d'un argumentaire inopérant, fondé sur la double menace des armes de destruction massive et du terrorisme. Ainsi, les Européens sont-ils portés à imaginer que les Américains dissimulent un agenda caché et que la ruée vers l'or noir est le mobile inavouable de leur action. En fait, le seul agenda caché des Américains, c'est le désir de remodeler le Moyen-Orient. L'Europe – et plus précisément, les gauches européennes dans leur grande majorité – font une lourde erreur d'analyse en fantasmant un appât du gain pétrolier de la part des Américains. Elles s'interdisent, de surcroît, de comprendre quoi que ce soit aux enjeux réels de l'après-Saddam. La rente pétrolière irakienne ne va pas aller dans la poche des pétroliers yankees ; elle va en fait être affectée à la reconstruction politique et économique de l'Irak. L'Europe peut justement jouer sa partie, en soutenant la prochaine réorganisation économique et institutionnelle du Moyen-Orient.



Propos recueillis par Alexis Lacroix
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Le Monde, le 26 mars 2003
Washington a l'ambition de reconstruire l'Irak en un an

New york de notre correspondant
La deuxième guerre du Golfe présente une particularité sans précédent dans l'Histoire : la reconstruction de l'Irak a été planifiée avant même que les opérations militaires aient commencé. Il ne s'agira pas seulement de nettoyer le champ de bataille, de réparer les puits de pétrole sabotés ou de déblayer les ruines des bâtiments détruits.
L'ambition est tout autre : remettre en douze mois l'économie irakienne au niveau où elle était il y a plus de vingt ans, avant la guerre contre l'Iran. Il faudra réparer les routes, les ponts, les centrales électriques, les écoles, les aéroports, les hôpitaux et faire fonctionner l'administration. Le plan de reconstruction du gouvernement américain est détaillé dans un document confidentiel d'une centaine de pages dont les grandes lignes commencent à transparaître.
Dans les semaines suivant la fin des hostilités, Washington envisage de mener simultanément la remise en état des infrastructures du pays, la création d'un nouveau système financier et fiscal et la réorganisation de l'appareil d'Etat et des services publics en s'appuyant notamment sur l'armée.
Ce projet, le plus ambitieux depuis la fin de la seconde guerre mondiale, impliquera la participation de nombreuses agences gouvernementales américaines.
Le département du Trésor, par exemple, aura pour mission de créer de toutes pièces une nouvelle banque centrale. Des hauts fonctionnaires américains agiront comme des ministres en second pour contrôler et remettre en marche les différentes administrations.
L'enseignement.
Le tout nouveau bureau de reconstruction et d'assistance humanitaire du Pentagone dirigé par le général Jay Garner, pressenti pour devenir le responsable de l'administration civile de l'Irak, a par exemple l'intention de refaire fonctionner le plus rapidement possible le système scolaire. Il a lancé, via l'agence des Etats-Unis pour le développement international, Usaid (United States Agency for International Development), un appel d'offres de 100 millions de dollars (presque autant en euros) à cette fin.
Le prestataire de service choisi aura pour mission, dès la fin des combats, d'envoyer des équipes pour s'assurer que les enseignants sont payés et disposent des moyens nécessaires pour rouvrir les 25 000 écoles du pays et accueillir les 4, 1 millions d'élèves.
Cinq programmes visant "à accroître le nombre d'enfants scolarisés dans le secondaire" seront lancés en trois mois dans des zones pilotes et dans tout le pays en dix mois. Seulement un tiers des enfants Irakiens fréquentent l'école aujourd'hui après le primaire.
L'objectif est "qu'ils continuent tous dans un an". L'Usaid prévoit d'aider le ministère irakien de l'éducation en lui fournissant les livres et l'ensemble des moyens nécessaires. Elle entend aussi "augmenter sensiblement les capacités de formations des enseignants et du personnel administratif".
La santé.
Un groupe privé aura pour mission d'administrer les 270 hôpitaux et 1 000 cliniques du pays. Son contrat évalué aussi à 100 millions de dollars comprend une mise à niveau du personnel médical. "En un an, le ministère de la santé sera prêt à gérer les équipements", écrit l'Usaid.
Elle compte également faire installer en soixante jours 550 générateurs diesels sur tout le territoire irakien et permettre au pays de retrouver environ 75 % de l'énergie électrique disponible avant 1991.
Les infrastructures.
Les contrats les plus importants concernent la reconstruction : 900 millions de dollars pour les urgences en autoroutes, ponts, aéroports et bâtiments publics indispensables.
L'Usaid a lancé d'autres appels d'offres pour une somme totale de l'ordre de 300 millions portant sur l'assainissement et la distribution d'eau, l'administration des ports et des aéroports. Enfin, en parallèle, l'armée américaine, pour son propre compte, a des projets représentant 500 millions de dollars concernant la construction de routes et de bases militaires.
Les contrats.
La Maison Blanche demande au Congrès 75 milliards de dollars pour financer la guerre. Sur ce total, 800 millions seront consacrés immédiatement à l'aide humanitaire et 1, 8 milliard à la reconstruction. Cette somme devrait en quasi-totalité revenir à des groupes privés américains.
Ce qui n'est pas du goût de tout le monde, notamment des Européens. Ils considèrent que mettre les Nations unies et les autres pays "hors jeu" rendrait non seulement la reconstruction plus longue et difficile, mais contribuerait à accroître le ressentiment contre les Etats-Unis. Ils jugent aussi les plans américains "irréalistes".
Les Quinze ont réaffirmé à Bruxelles le 20 mars, la nécessité de confier à l'ONU le soin de coordonner cette reconstruction. Chris Patten, commissaire européen aux relations internationales, a jugé les projets de Washington "maladroits". Il a déclaré que l'Union européenne ne participerait pas à l'effort de reconstruction si les Nations unies ne le supervisent pas.
Pour apaiser notamment les Britanniques, Washington a laissé entendre, après le sommet des Açores, le 16 mars, qu'elle pourrait accorder un rôle plus important à d'autres pays et aux Nations unies. Andrew Natsios, l'administrateur de l'Usaid, a déclaré que "la reconstruction à long terme allait bien au-delà de l'agence, et nous espérons que l'ONU y sera impliquée de façon majeure". Le Fonds monéaire international et la Banque mondiale seront aussi sollicités.
Au sein du gouvernement américain, l'approche multilatérale n'a pas que des partisans. Certains mettent en avant le cas de l'autoroute devant relier, en Afghanistan, Kaboul, Kandahar et Herat dont le projet international bat des records de lenteur.
"L'idée est de s'occuper nous-mêmes et rapidement des grands chantiers, pour le reste on verra", explique un officiel. Washington entend aussi retirer seul le bénéfice politique de la reconstruction. "L'objectif du gouvernement des Etats-Unis est d'apporter des preuves tangibles au peuple irakien qu'il veut apporter au pays la sécurité politique et la prospérité économique", peut-on lire en préambule à l'appel d'offres de l'Usaid.
Eric Leser
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