Récits liés à mes voyages. Je ne retranscris que les voyages extérieurs, mais ils sont toujours également intérieurs.

La cosmovision des Bribris du Costa Rica

Dans le sud-est du Costa Rica, débordant un peu sur le Panama, vivent une dizaine de millier de Bribris. Il s’agit d’un peuple autochtone qui a le souvenir de l’invasion espagnole, et dont l’évènement ravageur a été incorporé dans les histoires que les anciens racontent. Les Bribris ont beaucoup changé depuis l’époque des Conquistadors et de la colonisation : la plupart d’entre eux ont un téléphone portable et débattent de comment utiliser (la maigre) manne touristique. Mais certains jeunes sont…

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Sur les hasards de la route de la cocaïne et de la révolution

Il existe deux manières de partir à la rencontre d'un pays. La première, la plus commode, est de se référer aux nouvelles et aux chiffres. La Colombie est à l'origine de 70% de la production de cocaïne mondiale. Fin août 2019, d'anciens leaders des Forces Armées Révolutionnaires de Colombie (FARC) ont déclaré vouloir reprendre les armes pour poursuivre le plus long conflit interne des Amériques. La Colombie souffre de ces deux maux qui s'enchevêtrent toujours plus intimement, c'est un fait…

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Les Kogis, ou comment survivre face à la modernité lorsqu’on valorise la tradition

« Lorsque vos scientifiques étudient la terre ou l’eau, c’est uniquement pour en tirer des bénéfices. Lorsque nous les étudions, c’est pour mieux les comprendre et les aider. Vos hydrologues et géologues nous tuent et tuent la Terre Mère ! », me lance dans le noir de la nuit un représentant du peuple kogi, dont je discerne à peine les traits. Me voilà propulsé émissaire de la civilisation occidentale auprès d’un peuple autochtone colombien, mandataire de compagnies d’extractions mortifères que…

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Se découvrir raciste après avoir été au service des droits humains

Après 18 mois passés dans 5 pays très différents d'Afrique subsaharienne (Kenya, Ethiopie, Cameroun, Côte d'Ivoire, Togo), il ne m'est plus possible de me voiler la face: je suis raciste. Ce constat horifiant est à la mesure de ma surprise. Soyons honnêtes, après 10 ans à oeuvrer à l'amélioriation des droits humains universels depuis sa capitale, Genève, avec des missions et collaborations régulières avec la société civile, les institutions et les gouvernements du monde entier, ce type de révélation détonne…

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Des géants décimés pour une poignée d’ivoire, les dessous du braconnage d’éléphants au Kenya

La Tanzanie en 6 ans a perdu 60% de ses éléphants. Si par conséquent rien n’est fait, il ne reste que 4 courtes années pour pouvoir voir des éléphants dans ce pays. La pauvreté, l’appât du gain mâtiné de corruption et l’ignorance forment le triptyque dévastateur menant à la ruine de la mégafaune en Afrique. Tous les pays africains, même les plus soucieux de préserver leur richesse naturelle, sont aujourd’hui confrontés au fléau du braconnage. Afin de mieux appréhender la réalité de la lutte pour sauvegarder ce qu’il reste de la vie sauvage en Afrique, je suis parti pour deux semaines afin de participer à un programme au Kenya de soutien aux Rangers. J’y ai rencontré des héros parfois inconscients des dangers auxquels ils font face, car pour une poignée de dollars ils risquent leur vie pour protéger les derniers géants de la savane. Une rencontre passionnée, marquée de respect pour des gens qui risquent tout sans avoir des moyens à la hauteur de leur tâche.

Elephant braconné dans le parc de Tsavo, KenyaLes éléphants disparaissent de l’Afrique, mais pour la plupart d’entre nous cela ne reste que des chiffres qui se soustraient. Car on ne prend conscience de la valeur d’un éléphant que lorsqu’on voit le cadavre de l’un de ces mastodontes. Un immense sentiment de gâchis se mêle à l’odeur insupportable de la putréfaction. Tout ça pour ça ? 5 tonnes ou plus de viande qui ne seront pas même consommées, des mouches qui s’activent avec frénésie, et l’on remarque à peine la défense manquante de l’éléphant trépassé. Pour quelques kilos d’or blanc (environ 2’000 dollars le kilo sur le marché, mais le prix de vente peut atteindre 30 fois cette somme !), les vrais rois de la jungle se font mettre à mort. Car les braconniers, soucieux d’opérer rapidement, tuent la plupart du temps les éléphants pour une seule défense. Ce n’est que s’ils pensent ne pas avoir été repérés par les rangers qu’ils reviennent par la suite sur le lieu de leur méfait pour s’emparer de la défense restante. Les scrupules, les regrets appartiennent au monde de ceux qui observent les éléphants évoluer sans un bruit dans leur milieu naturel, émerveillés que de si grands animaux puissent se déplacer en silence. C’est cet univers, fermé aux braconniers vénaux, que les rangers du Kenya s’acharnent à préserver.

(suite…)

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Un Drakkhar noir s’arrime au port de Stockholm

A en croire nos grand-mères, si c'est cher, c'est que la qualité est au rendez-vous. Le sens commun voudrait alors que Stockholm soit l'une des villes les plus réussies au monde... Sans oser s'adonner à de tels superlatifs, il faut reconnaître que la blonde capitale suédoise soumet une palette de couleurs, de lumières et de bâtiments à ses invités à en défriser leurs cheveux. Stockholm se présente tout d'abord comme une Venise géante, qui aurait toutefois laissé ses vikings hacher…

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Prague, capitale impériale

Il est presque aussi difficile d'entendre parler tchèque au centre ville de Prague, que d'obtenir un sourire d'un indigène. On ne saurait dire qui de l'héritage communiste ou de la mentalité slave est le plus responsable du manque de courtoisie en Bohème. Le résultat est assurément une absence de sens commercial et d'égards pour les touristes, qui malgré tout ne se privent pas de visiter une si ensorcelante cité. On est tenté de fuir les lieux touristiques, de se mettre…

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La solennité en concentré

Theresienstadt était l'un des innombrables villages qui fût transformé en ghetto il y a de cela sept décennies. Avec son propre camps de concentration, une forteresse de l'époque des Habsbourg, il répondit aux critères de salubrité voulus par les geôliers à la brune chemise : typhus principal compagnon de chambrée des prisonniers, une toilette pour 100 à 600 locataires forcés, pas de matelas, pas de nourriture; en comptant les pertes consécutives aux déportations vers Auschwitz, une personne sur mille survivait…

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