L’option nucléaire : communiqué des Verts suisses

Comme le pronostique la FEDRE, le nombre de centrales atomiques dans le monde devrait doubler d’ici 2030. Le modèle français, que l’on dénigre dans le monde lorsqu’il concerne l’emploi, semble sur le plan énergétique avoir le vent en poupe.

Le gouvernement suisse vient de présenter ses conclusions : le nucléaire serait un passage obligé. Passant de Charybde en Scylla, il semble qu’on ait vraiment de la peine à ouvrir les yeux sur les économies d’énergie facilement réalisables, engoncés dans un modèle économique d’où il semble impossible de sortir aujourd’hui.

De manière simple, les Verts suisses ont récemment expliqués que les palliatifs existent, sans forcément casser de l’atome :

Berne, le 22 février 2007
Stratégie énergétique du Conseil fédéral
Indécise et erronée

Les Verts critiquent vertement la stratégie énergétique du Conseil fédéral qu’ils considèrent comme indécise et en certains points totalement erronée ! Aujourd’hui déjà, il serait possible de prendre des mesures efficaces pour une politique énergétique durable sans centrales nucléaires et grandes usines à gaz, qui contredisent totalement les principes de durabilité.

Les quatre piliers de la stratégie énergétique de la Suisse ont été présentés aujourd’hui par le Conseil fédéral. Si deux d’entre eux sont appropriés, on ne peut pas vraiment parler de révolution. Sur la base de l’article 29 de la Constitution fédérale, la Confédération aurait dû prendre des mesures efficaces dans ces domaines depuis longtemps déjà. Décider aujourd’hui qu’un plan d’action doit être élaboré d’ici la fin de l’année est une décision par trop hésitante. Deux questions se posent à l’heure actuelle : quelles mesures, évoquées par le Conseiller fédéral Leuenberger, figureront effectivement dans ce plan d’action et lesquelles seront effectivement mises en oeuvre ?

Aujourd’hui déjà, il serait possible d’agir rapidement ! Les Verts ont déjà proposé une série de mesures : la norme Minergie-P, l’interdiction du mode veille et la limitation des émissions nocives des véhicules, etc. (voir le communiqué du 8 février). Le parlement devrait traiter ces propositions durant la prochaine session de printemps. De plus, sur le modèle australien, les Verts déposeront une intervention demandant l’interdiction des lampes à incandescence. Alors que, d’ici à 2020, l’Union européenne s’engage à réduire de 20% ses émissions de CO2 par rapport à 1990, la manière de procéder du Conseil fédéral est bien trop indécise et le plan d’action annoncé arrive un peu comme la grêle après les vendanges.

De l’avis du Conseil fédéral, construire de nouvelles centrales nucléaires est une nécessité. Non, c’est totalement faux ! Des mesures d’économie d’énergie et d’efficacité énergétique, une réforme fiscale écologique et la promotion des énergies renouvelables permettrait de renoncer à cette technologie à risque. Rien qu’en Suisse, le mode veille des appareils électriques consomme l’équivalent de la production électrique d’une centrale. Le remplacement des chauffages et chauffe-eau électriques ainsi que l’utilisation de lampes et d’appareils à faible consommation d’énergie permettrait de s’économiser deux centrales nucléaires. Un approvisionnement en électricité sans technologies à risque est possible en prenant rapidement les bonnes mesures. Les Verts s’opposeront farouchement à toute nouvelle centrale.

Les usines à gaz ne représentent pas non plus une stratégie d’avenir, d’autant plus si, comme le Conseil fédéral le propose, on compense la majorité de leurs émissions de CO2 à l’étranger. Sur ce point, la position des Verts est tranchée: si d’aventure des centrales à gaz devaient être mises en fonction en Suisse, ce doit être sans effet négatif sur le bilan CO2 dans notre pays. Les émissions de CO2 devraient donc être totalement compensées en Suisse même.

Tant que les partisans des énergies renouvelables seront présentés comme des babas perdus dans une époque qu’ils ne comprennent plus, des idéalistes peu pragmatiques, le combat est perdu d’avance. Les médias se font encore et toujours les relais des lobbies nucléaires, ayant peur peut-être de passer eux-mêmes pour des journaux peu sérieux.

Bon sang, les alternatives existent, et sont certainement bien plus rapides à mettre en place que des centrales nucléaires; moins onéreuses, plus « durables ». Un peu de courage politique et de vision à long terme ne nous feraient pas de mal, parmi nos décideurs.

Le programme complet de la politique énergétique des Verts suisses est téléchargeable (en français).

Cet article a 3 commentaires

  1. Aster

    Lorsque l’on voit le nombre de réacteurs construits en moyenne chaque année > http://futura24.site.voila.fr/nucle/react_constru.htm on ne risque pas d’avoir un doublement des réacteurs en activité dans 20 ans.

    Si en plus on retire tous ceux qui seront arrêtés pendant cette période, le nombre final sera bien faible. Heureusement.

  2. Mimosa

    Le nombre de centrales nucléaires ne risque pas de doubler en 20 ans. C’est impossible pour deux raisons :
    – délai de construction d’un réacteur, capacité industrielle, personnel compétent … vous voyez construire 22 réacteurs chaque année dans le monde, sans compter les anciens à remplacer,
    – pas assez d’uranium disponible, manque de capacité de production des mines.

    Démonstration ici : Vers la fin du combustible nucléaire

    Même l’Agenge de l’énergie atomique, pourtant très favorable au nucléaire (c’est son gagne pain) prévoit seulement une puissance installée de 449.000 à 533.000 MWe (Méga Watts électriques nets) en 2025, contre 372.000 en 2005

    Cela ne fait que 20% ou 43% de plus selon les hypothèses … et dans le passé, les projections de l’AEN ont toujours été démenties par les fait car irréalisables.

    Avec les réacteurs arrivant en fin de vie, la puissance installée serait plutôt en diminution dans 20 ans.

    Pendant ce temps, l’éolien et le solaire progressent de 50% par an dans certains pays.

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