Ubuntu, take 2 : la liberté à tout prix

Je n’ai aucune envie de transformer ce blog, à l’origine très politique et frôlant la métaphysique, en quelque chose de très technique, et tournant autour de l’informatique. N’empêche que.

Après deux bons mois et demi que je suis sur GNU/Linux et que je baigne dans le monde du « libre », je commence à envisager sérieusement l’abandon de Windows. Non pas pour des raisons techniques, qui seraient très certainement nombreuses, non pas pour des raisons de stabilité (Ubuntu, ou plutôt les logiciels installés sur l’OS, plantent au moins aussi souvent que sous Windows, c’est à dire très rarement). Mais pour des raisons idéales, à savoir… la liberté.

J’esquissais déjà dans ma migration à Ubuntu que devant le système de contrôle de TOUS les utilisateurs qu’embarquera Windows Vista, je souhaitais me familiariser à un autre OS, refusant de dire à l’entreprise de Redmond quel programme je lançais, avec qui je discutais sur MSN, ou tout autre information sur mes activités. La prochaine étape, c’est la puce dans le derrière. Ma liberté est mon bien le plus précieux : je ne m’en départirai pas.

La dialectique Linux-Windows : aucune trève possible

Ce dont je ne me doutais pas, c’est que GNU/Linux est exactement l’anti-thèse de Windows. A croire que les deux existent pour accoucher d’un juste milieu. Linux, c’est la liberté : de choisir son interface graphique, de choisir différents programmes de texte, on a le choix pour TOUT. Remarquerez ici le « tout » en majuscule, étant l’anti-thèse du précédent « tous ». Et ce changement d’approche est très déstabilisant, puisque sous Windows, il n’existe pas tellement de programmes concurrents pour faire la même chose. Un monopole a tendance à émerger, quelque soit le domaine. Le monopole géant accouche de mini-monopoles, alors que la liberté sous linux a autant d’enfants qu’une reine fourmi.

Or, ce choix extraordinaire sous Linux, c’est autant de temps à passer à chercher quel outil nous convient le plus. C’est se plonger dans parfois des documents lapidaires, semblant être écrits en binaires, et nous restant définitivement hermétiques. Alors les invectives fusent au sein des utilisateurs de GNU/Linux, et plus précisément dans le monde d’Ubuntu : certains sont partisans d’une plus grande homogénéisation, d’autres la refusent en bloc. Franc parler et imagination fertile sont aux rendez-vous de ces discussions.

Une liberté sans limite, propre donc à donner le vertige des grands espaces au récent linuxonaute. Tant de choses à découvrir, de territoires virutels à entreprendre, de vocabulaire à assimiler, de choix de logiciels (hormis dans le multimédia, encore assez pauvre). Comment décider de ce dont on a besoin ? Sous Windows, on veut vaguement un logiciel pour se connecter à un réseau, hop, on prend VPN. On veut du ftp libre, c’est filezilla. Sous Linux, on est agacé de devoir passer du temps à choisir, à s’informer avant de télécharger un programme; je rêve, où est-on vraiment devenu des moutons ? On se plaint de pouvoir choisir ? Windows nous aurait-il transformé en adeptes du communisme ?

La liberté mère de la dispersion

La tâche n’est certes pas aisée, d’autant plus que bien des programmes existent, remplissant presque les mêmes fonctions à l’identique. Dans la communauté Linux, on crie parfois à la dispersion d’efforts; le monde du libre gagnerait, encore une fois, à s’homogénéiser, entend-on. Une plus grande uniformité amènerait la concentration des ressources sur quelques logiciels, qui deviendraient ainsi bien plus performants.

Bien que je considère cette recherche d’homogénéisation comme étant légitime, j’avoue être convaincu que ce débat est stérile. En effet, la technologie même de Linux, son cadre juridique, son histoire le destinent à ne pas suivre le sens du vent : au contraire, au moindre souffle, c’est un éparpillement supplémentaire dans les 4 points cardinaux qui s’opère. Une personne nécessite qu’un programme bien établit dans la communauté Linux lui affiche des points rouges au démarrage ? Il reprend l’original, modifie les codes d’instructions, et voilà une nouvelle version, qui serait vraisemblablement mise à dispostion de tous. Avec l’accès au code source, chacun est libre de suivre toutes ses envies.

S’il demeure quelque barrière cà et là dans cette grande étendue sauvage (certaines licences, appliquées à certains programmes ayant fait le choix d’être propriétaires), elles sont elles aussi phagocitées par le paradigme du logiciel libre : c’est ainsi qu’une multitude de « distribution », chacune étant une déclinaison originale du noyau (le kernel) de Linux, avec ses adjonctions personnelles sous licence GNU (les programmes, drivers, logiciels maisons). Il existe ainsi des distributions pour la vidéo, la photo, les chrétiens (!), avec un bureau ressemblant à Windows, avec un bureau ressemble à un Mac; on assiste à autant de déclinaison que GNU/Linux peu supporter de mitoses. La seule limite étant l’imagination, il existe des centaines de distributions complètement originales.

Difficile dans ces conditions d’établir un standard sur Linux : l’essence même du monde ouvert par cette anti-thèse de Windows, a pour résultat la multiplication des logiciels. Certains ont une durée de vie de quelques jours, d’autres concurrencent depuis des années ce que produit le n° du logiciel payant. Parfois le développement est stoppé faute de temps libre suffisant par le concepteur, d’autre fois l’armada attachée à l’expansion du logiciel s’empoigne sur des choix technologiques divergents. Impossible dans ces conditions de définir une voie-type, comme tente de faire Microsoft depuis des années. Rien ne peut être contrôlé, sous Linux, et ce n’est pas pour déplaire l’amateur de liberté.

Lorsque le gratuit se paye

Dans la même lignée, les modèles économiques des entreprises qui font (ou plutôt tentent de faire) de l’argent avec GNU/Linux sont divers et variés. Pas de chemin balisé, mais de nombreux sentiers touffus empruntés par d’hétéroclites entrepreneurs, qui se lancent dans des formules maison pour faire de l’argent. En effet, logiciel « libre » (soit open source) ne veut pas dire forcément gratuit. Mais enfin, avec ce que j’ai précédemment exposé, comment peut-on réaliser des profits si tous peuvent avoir librement accès au code du programme ? En matière de distribution, j’ai repéré trois procédés différents au sein de ce maelström :

1/ Ubuntu, la plus user-friendly des distributions, est entièrement gratuite à l’installation. Chez le particulier, comme dans un milieu professionnel. Financée pour l’instant en pure perte (le chiffre de 10 mio $ de pertes annuelles est souvent avancé), Canonical espère pouvoir faire son chiffre d’affaire au moyen du support vendu aux entreprises.

On offre la voiture, mais le dépannage est payant.

2/ Mandriva, la première à populariser Linux au sein du grand public, mise sur la vente des services à valeur ajoutée. Via l’abonnement à son club, l’utilisateur a accès à des versions comprenant plus de logiciels (libres, cela s’entend), des mises à jour automatisées, le support, les T-Shirts, ou tout autre objet assez grand pour pouvoir contenir un pinguin, étendard de guerre de la communauté Linux. La réussite de l’entreprise, côtée en bourse, est très mitigée, et semble peu viable sur le terme.

On offre donc la voiture, mais l’essence, les rétroviseurs et les pneus neige sont en sus.

3/ Après avoir inventé quantité de routines qui facilitent tant la vie de l’utilisateur de Linux, Red Hat a décidé de scinder sa célèbre distribution en deux versions : Fedora, pour le quidam de tous les jours, une distribution très communautaire, profitant des feedbacks nombreux et poussés des utilisateurs; Red Hat, destinée à trôner dans les entreprises, et profitant au maximum des avancées majeures des utilisateurs de Fedora. Ces derniers semblent ainsi être « exploités » pour le développement d’une version enterprise, éminament respectée dans le monde de linux.

Ici, la voiture est toujours offerte, mais un technicien prend note de quelles pièces se détachent du véhicule, pour ne pas reproduire la même erreur sur la Ferrari. La Ferrari est évidemment vendue (chère).

De manière transversale, chacun de ces modèles offre des certifications de distribution, à l’image des MCP ou MCSE que promeut Microsoft; c’est aussi une manière de faire de faire du chiffre d’affaire, tout en formant des futurs ambassadeurs de son entreprise.

Conclusion

En un mot comme en mille, la liberté offerte par les systèmes d’exploitation Linux peut se révèler assomante, avant de pouvoir devenir grisante. A l’image d’un oiseau tenu en cage à qui on ouvre sa prison, l’inconnu fait peur et on préfère rester près de cette cage si rassurante. Car en plus de découvrir un nouvel environnement, on risque de le voir se reconfigurer régulièrement. Tout est très mouvant.

Mais l’inventivité et la réactivité de ce monde du libre ne cesse de m’étonner. A un Microsoft, qui souhaite surveiller ses utilisateurs, déposer des brevets sur un maximum d’idées, aussi simples soit-elles (à ce rythme, on va arriver aux combinaisons de touches brevetées), GNU/Linux, sans leader, très hétérogène, avance à pas de géants. Ce n’est qu’une question de temps avant que l’on puisse vraiment faire de l’argent avec cette plateforme, et faire de l’argent avec des logiciels libres et gratuits, avouons que la situation est délicieuse…

NB : Au-delà de la technique propre à Linux, sur laquelle je ne pense pas être à même de porter un regard critique, on peut dire deux mots sur son ergonomie : GNU/Linux, en passant par Ubuntu, c’est facile. Ce sera plus difficile pour les utilisateurs avertis de Windows, qui pour le coup sont habitués à installer des drivers aux amis, réparer le PC de leur père qui tombe en panne parce que le géniteur installe tous les programmes trouvés à droite et à gauche. Ces utilisateurs aguerris, qui sont en réalité ceux qui permettent à Windows de s’être démocratisé, malgré les acrobaties nécessaires à une utilisation sereine, devront se faire à un autre mode de fonctionnement. Certe, mais ils mettaient déjà les mains dans le cambouis autrefois, ce n’est donc pas si grave s’il le font à nouveau.

Cet article a 22 commentaires

  1. jcv

    Merci pour la correction : c’était ubuntustudio, bien sûr. Avec ces centaines de déclinaisons, celles pour les Juifs, les chrétiens, les muslmans, les satanistes, les audiophiles, les pirates, et je ne sais quoi d’autre, je suis paumé.

    Pourquoi n’y a-t-il plus tes smileys ? Parce que j’ai un gros problème d’affichage quand ils sont activés. L’année dernière j’aurais eu le temps de jeter un coup d’oeil, mais en ce moment, plus 🙁 Ils sont cependant immortalisés à jamais; bien des gens arrivent sur mon site par ce biais, et bien de foules de par le monde idolâtrent aujourd’hui ton nom.

    Encensé aux quatre vents tu es; Eternel, ton nom sera à jamais glorifié.

    (il est tard, je crois…)

  2. Julien

    En ce qui concerne l’audio sous linux, honnêtement, je n’ai pas trouvé d’équivalent à cubase, et de plus, ma carte son (terratec dmx6 fire 24/96) n’est pas prise en charege (enfin la carte, si, mais pas le rack externe…)
    Pour avoir quelque chose d’approchant Cubase, on peut se tourner vers ardour, ou bien encore rosegarden, sachant que le premier me semble bien plus abouti que le second (mais information à vérifier, j’ai été obligé de mettre de côté la musique au moment où je suis passé sous linux -n’y voyez aucun rapport de cause à effet-, et j’ai donc assez peu testé les bestioles)…
    Sinon, tu as en effet des distrib orientées production musicale. Celle à laquelle je pense n’est pas medibuntu (qui soit dit en passant n’est pas une distribution, mais un dépôt de soft multimédia ;), mais ubuntustudio. Ici, tout est compilé de manière à ce que ce soit le son -en particulier- qui ait la priorité au niveau de la gestion des processus, tous les logiciels audio dont tu as besoin sont d’office inclus. Bref, je n’en ai là aussi entendu que du bien…. A toi de faire ton choix!

    p.s. : mais où sont donc passé les beaux smileys d’avant, ceux que tu avais trouvé sur un site absolument sublime?!! 😉

  3. jcv

    Content d’avoir pu t’aider. Je ne pourrai malheureusement pas aller beaucoup plus loin, je n’utilise pas Cubase.

    Il existe des distribution Ubuntu spécialisées dans la production multimédia, comme par exemple « medibuntu ». Regarde de ce côté-là; tu installes, et tout est censé être prêt à l’emploi !

  4. krma

    Bon et sinon donc : pas d’équivalent Cubase stable sous Ubuntu ? J’ai lu que les drivers Asio machin, que le VSTi fonctionnent mais bon, pas tous? (je tente de recentrer le débat :p) Pour de la prod musicale orientée pro et quand on aime pas bcp 20doses, c’est risqué de s’ubuntuiser complétement?
    En tout cas, j’ai appris bcp de choses en vous lisant 🙂

  5. Tonio

    aie! :aie:
    dans ce monde personne n’accepte la critique =(
    on progressera jamais comme ça!!! 8)

  6. jcv

    Vincent, toujours aussi juste 🙂

    moi je pourrais dire que les gars qui bossent au Macdo ont le temps de penser alors que ceux qui sont devant un ordi ont une machine qui pense pour eux …

    Hein ?

    mais bon je te l’accorde c’est tiré par les cheveux.

    Ouffff….

    Mais rassure toi ma théorie n’est applicable qu’à un seul cas particulier … Il y en a qui cherche des théories universelles et d’autre des individuelles, je fait partie de la deuxième catégorie et cela me fait beaucoup plus rire …

    En même temps, lorsque ça ne s’applique qu’à moi, on ne peut pas vraiment parler de théorie, hein… 8)

  7. Tonio

    Excellent !!! 🙂

    c’est une manière de voir … moi je pourrais dire que les gars qui bossent au Macdo ont le temps de penser alors que ceux qui sont devant un ordi ont une machine qui pense pour eux … mais bon je te l’accorde c’est tiré par les cheveux.
    Mais rassure toi ma théorie n’est applicable qu’à un seul cas particulier … Il y en a qui cherche des théories universelles et d’autre des individuelles, je fait partie de la deuxième catégorie et cela me fait beaucoup plus rire … :o:

  8. s427

    Le seul truc que je peux t’expliquer ce que quand je parle de “l’évolution de l’être humain” je fais référence a un dessin qui montre l’évolution de l’être humain qui petit à petit se redresse mais la dernière position est assis devant un ordi. L’homme à grandi, progressé pour finir collé devant un ordi … c’est ce que j’appelle la dé-évolution.

    En même temps, si on se base sur la posture de l’homme moderne pour juger de son degré d’évolution, il suffit de regarder les vendeurs du McDo pour se rassurer : ils sont constamment debout. Comme quoi tout espoir n’est pas perdu.

  9. jcv

    quel ancien pays temporairement d’adoption? où est-ce qu’on filme les gosses???

    En Suisse, mon bonhomme. Ca vient de commencer. Il est vrai que dans ce pays on porte un amour irationnel à l’autorité et à la soumissions aux lois, mais je trouve que là ça va trop loin.

    Oula… Ou bien il y a des éléments du débat qui me manquent, ou bien il y a des sensibilités un peu trop aggressives…

    Tonio est de toute façon un garçon très succeptible, mais ne t’inquiète pas, c’est sa manière à lui de s’exprimer. Il crie et couine comme un femme enceinte en manque d’affection 🙂

    Rien d’agressif de sa part, je te rassure. Comme Terence Hill dans Mon nom est personne, il aime qu’on le regarde.

    Quand a Psyko c’est bien connu qu’il passe trop de temps sur son ordi et c’est pour ça que je lui dis qu’il est couché sur la moquette, mais pour se défendre il attaque, et il attaque Corto parce que c’est un symbole de liberté, de refexion, de poésie etc… je crois qu’il est jaloux?! Mais moi je m’en fous, au pire cela me fais rire car je sais que Corto il ne peut pas mourir.

    T’as pas du me lire, où alors avec des taches de café sur l’écran. Je TE repproche d’avoir oublié Corto et ses idéaux de liberté, toi qui ne vois pas les contrôles informatiques se répandre comme si de rien n’était…

  10. Tonio

    Pourquoi tu dis ça??? HEIN??? Pourquoi??? :p
    moi je vois pas d’agressivité :bloody:
    Le seul truc que je peux t’expliquer ce que quand je parle de « l’évolution de l’être humain » je fais référence a un dessin qui montre l’évolution de l’être humain qui petit à petit se redresse mais la dernière position est assis devant un ordi. L’homme à grandi, progressé pour finir collé devant un ordi … c’est ce que j’appelle la dé-évolution.
    Quand a Psyko c’est bien connu qu’il passe trop de temps sur son ordi et c’est pour ça que je lui dis qu’il est couché sur la moquette, mais pour se défendre il attaque, et il attaque Corto parce que c’est un symbole de liberté, de refexion, de poésie etc… je crois qu’il est jaloux?! Mais moi je m’en fous, au pire cela me fais rire car je sais que Corto il ne peut pas mourir.
    Et ça Psyko il ne s’en est pas encore rendu compte, il n’a pas assez lu les Corto (surtout Mû et les Helvétiques). Alors je le pardonne… 😉

  11. Julien

    Oula… Ou bien il y a des éléments du débat qui me manquent, ou bien il y a des sensibilités un peu trop aggressives… 😐

  12. Tonio

    quel ancien pays temporairement d’adoption? où est-ce qu’on filme les gosses???

    et si c’est le cas je suis bien content d’être partis … quoique en ayant été remplaçant le truc le plus chiant était d’aller surveiller la recré, alors si maintenant on peut le faire depuis l’intérieur en buvant un café pourquoi pas?

    Et ta dernière phrase c’est pour tenter de détourner la critique comme quoi t’es couché sur la moquette… espèce d’homme dé-évolué …

  13. jcv

    🙂
    Il y a deux manières de faire entrer l’informatique dans nos vies : de manière libertaire, ou de manière liberticide.

    Dans ton ancien pays (temporairement) d’adoption, apprends qu’on se met à filmer les enfants dans les préaux d’école, histoire de les surveiller. L’informatique permet un contrôle sans précédant des individus : tu veux accepter ça sans broncher, toi ?

    ‘tain, Corto est mort et enterré… =(

  14. Tonio

    « n’empêche que. »
    n’empêche que quoi? espèce de dégénéré … c’est plus assis devant l’ordi que tu te situe toi dans l’évolution de l’être humain, mais couché sur la moquette.

  15. jcv

    Tiens copain, un texte long et sans images, comme tu les aimes, sale intello :
    Manifeste contre les abus de la « propriété intellectuelle ». Ecrit 4 ans avant DADVSI, il fait des propositions concrètes, après avoir fait le tour (me semble-t-il) de l’intégralité des questions liées au droit d’auteur. Il ne donne cependant pas l’intégralité des réponses 🙂

    Je suis bizzarement assez optimiste quand à cette question de la remise en cause de la propriété radicale, dans le monde de l’informatique en tout cas, qui présente de belles alternatives. J’ai même l’espoir, j’ose, que cela rejaillira hors de ce petit monde là…

    Espérons à 2, alors. Mais l’importance et la portée des logiciels libres est difficile à expliquer, et peu de monde s’y intéresse réellement…

    Ayant une base de formation d’économiste, je suis toujours très étonné de voir à quel point ce modèle nie les fondements de la science d’Adam Smith. Le coût d’opportunité des utilisateurs existe toujours; mais la création gratuite, à partir de laquelle on peut décider de faire de l’argent ou non, c’est révolutionnaire.

  16. jcv

    Précision qu’il me faut donner en raison du précédent commentaire : le temps que l’on passe à devenir linuxonaute, c’est du temps que l’on perd avec sa tendre et chère. 😆

    Edit : Merde, j’ai été grillé par ton commentaire Ju, je vois que nous sommes tout aussi incompris toi et que moi. Je me rassure en me disant que dans une société avec des femmes au pouvoir, les Amériques n’auraient jamais été découvertes. Nous sommes des explorateurs des temps modernes, bridés par nos moitiés beaucoup trop terre à terre.

    Sur le fond : je reste en dual boot pour ma part (donc Windows + Ubuntu, pour les non-geeks), car il est encore bien des programmes dont j’ai besoin, qui n’ont pas d’équivalent sous Linux. Synchroniser le répertoire de mon portable avec Thunderbird ou Evolution, c’est pas pour demain. Scribus est très limité face Quark Xpress (logiciels de mise en page presse). Mon logiciel de gestion bancaire n’est pas linux compatible. Etc, etc. Je suis donc, par défaut, sous Ubuntu depuis 2-3 semaines. Mais je démarre régulièrement sous Windows, afin d’utiliser de nombreux logiciels n’existant pas (encore ?) sous le Pingouin.

    Cela dit, à te lire, je me rend compte à quel point migrer sous Linux tel des hordes de GNUs à la recherche d’un point d’eau (‘tain le jeux de mots pourri), nous rend militants. Un peu comme des missionaires, on souhaite convertir à la secte du libre les pauvres hères encore enchaînés sous Windows.

    Le libre c’est bien, mais la technique, au fond, même si je m’y intéresse malgré moi, reste assez anecdotique. L’aspect visuel de Linux, infiniment plus évolué, ou sa rapidité plus élevé (oui, je te l’accorde, depuis notre dernier échange je m’en suis aussi rendu compte) sont périphériques à ce qui m’intéresse ici : sa viabilité en tant que projet informatique, sa philosophie qui, à mon sens, le destinent à devenir grand public. Je crois que tous les deux sommes assez inquiets des législations qui éclosent en Europe (dont la DADVSI n’est qu’un avatar parmis tant d’autres), qui sont autant d’appels à sortir d’un système qui se rigidifie pour notre plus grand déplaisir.

    Au vu de l’état d’Ubuntu, du nombre de personnes qui se familiarisent au libre via Firefox (alors que, rappelons-le, Internet Explorer est installé par défaut sous Windows, est gratuit et rempli son office d’ouvrir internet), Microsoft ne peut compter que sur l’inertie provoqué par une génération d’informaticiens, de développeurs, de supports formés à Windows. Mais lorsque, au sein des grandes entreprises, les rapports sur la faisabilité d’une migration sous Linux et le gain pécunier que cela apporterait seront transmis aux CEO, la guerre sera vraiment déclarée. Et connaissant Microsoft ainsi que son extraordinaire capacité au retournement, on pourrait même les voir se convertir au… libre. Je ne crois pas le scénario ridicule, j’ai encore en souvenir le volte face opéré en 96 avec internet.

  17. Julien

    Mon dieu… que ce texte à l’air long… Tu me pardonneras de ne pas le lire de suite, j’avoue que mes huit heures journalières de rédaction de mémoire (plus un colloc à qui je vais bientôt faire manger du verre pilé 🙂 ) me prennent la totalité de mon temps de cerveau disponible (je suis dans un retard monstre…). Mais le site est précieusement bookmarqué, merci!

    En ce qui concerne les logiciels libres, je considère qu’ils participent du même mouvement que le peer2p, une légère tension vers une forme de liberté, même discutable… La question du p2p me semblent assez intéressante dans cette perspective, car même si on tente de la juguler actuellement par des lois, j’ai comme l’impression que c’est plutôt l’inverse qui va avoir lieu, à savoir que c’est le signe d’une ouverture vers un nouveau paradigme économique (si je puis me permettre les gros mots)… Tout ça avec l’arrière fond un peu optimiste qui consiste à penser que ce n’est pas la loi elle-même qui va se durcir, en mettant la moitié de la France -par exemple- en prison, ou en changeant les mentalités dès le plus jeune age pour les faire correspondre au système économique en cours -ce que je ne crois pas non plus, le p2p présente un attrait à la fois trop tentant, et trop proche d’une certaine forme de légitimité quant à la diffusion des biens culturels, même si ce dernier point est discutable…
    J’ai plutôt l’impression que ce genre de gros mouvement de fond, comme le p2p, ouvre des brèches si énormes, révèle une distance si gigantesque entre une loi (et du même coup les conceptions qu’elle incarne, propriété eclusive, etc) et les possibilités techniques déja massivement en usage, quasi rentrées dans les moeurs, que ça ne peut qu’augurer un changement… Espérons qu’il soit positif et dans le sens de la liberté…

    (mais bon, je ne veut pas faire dévier le sujet la dessus non plus. Simplement, j’ai l’impression que c’est le même désir d’indépendance et de transparence qui est à l’origine des deux choses…)

  18. Julien

    Bien évidemment, mon précédent message était en majeure partie à caractère humoristique… Et je suis d’accord avec toi sur tous les points que tu soulignes. Surtout quant à ta réflexion sur les tendresetdouces (comme le disait Brel, l’homme regarde par dessus les collines, tandis que la femme… heu… je vais m’arréter là avant que mon côté provocateur ne dégènère en mauvais goût trop prononcé et sois mal perçu… 🙂 )
    Pour ce qui est des possibilités software sous linux, je dois dire que je ne suis pas déçu, il est vrai que, mis à part pour la zic, j’ai quasimment trouvé un équivalent pour tout ce que je faisais sous windows -contraiement à toi. Mais bon, j’ai été obligé de passer par Ubuntu, qui, en sauvant mon mémoire, m’a un peu sauvé la vie, ce qui explique surement mon enthousiasme pour la chose.

    Et je suis bien évidemment d’accord avec toi que le libre, en tant que modèle, est le point central de la question, qui cristallise pas mal de problématiques, qui dépassent d’ailleurs le monde de l’informatique. Ca résonne avec la question du téléchargement, et d’écho en écho, avec celle de la propriété qui, malgré les aléas « ponctuels » un peu malheureux de ces temps ci (DADvsi et consorts) est une question qui du coup, est au moins interrogée, mise sur la table, et réfléchie du fait qu’elle touche un grand nombre de gens. Je suis bizzarement assez optimiste quand à cette question de la remise en cause de la propriété radicale, dans le monde de l’informatique en tout cas, qui présente de belles alternatives. J’ai même l’espoir, j’ose, que cela rejaillira hors de ce petit monde là…

  19. Julien

    Bonjour, Julien –c’est écrit sur l’affichette que je porte à la boutonnière-, 25ans…

    *des voix répondent en coeur* Bonjouuuuur Juuuulien…

    – Je suis moi aussi ici pour vous faire partager mon expérience. Depuis un certain nombre de mois déja, j’étais en dual-boot windeuz/ubuntu…

    *Les voix à l’unison*paaaaaas bien…

    ma voix déraille légèrement, de manière à peine perceptible Oui, je sais… Mais c’est pas d’ma faute, j’étais habitué à windeuz, j’avais quelques jeux dessus, j’avais commencé à écrire mon mémoire, tandis que je me servais d’ubuntu parfois, pour le plaisir d’utiliser xgl (et nom de dieu, quel plaisir), et de manière générale de me familiariser avec les sudo dpkg-reconfigure xserver.xorg et autres sudo /etc/init.d gdm restart

    *des soupirs de satisfaction passent dans l’assemblée*

    – Et pis, c’était pas vraiment de ma faute : a-t-on déja vu un ordinateur vendu directement dans une grande surface avec un OS linux? Voit-on des pubs pour ces derniers à la télévision, constituent-ils un monopole qui fait que logiciels, et matériels, ne fonctionnent de manière optimale que sous sa coupe? En deux mots, les systèmes d’exploitation Linux possèdent-ils ce pouvoir symbolique (que Bourdieu définissait comme pouvoir d’autant plus grand que sa caractéristique est de faire oublier sa dimension-même de pouvoir)?

    *regards embués autour de moi*

    – Et puis un jour, comme c’est souvent le cas, un drame m’a fait basculer. Pendant la rédaction de mon mémoire, blackout, windeuz ne voulait plus booter. Qu’à cela ne tienne, je m’en vais pour une réinstallation. Verdict : écran bleu. Il faudrait formatter, perdant toute mes données. Depuis ce jour là, 1 mois et demi environ, je suis full time sous ubuntu. Mon mémoire avance, j’ai un bureau du feu de dieu, configurable dans les moindres détails, des effets graphique bluffants (xgl), et pas dérangeant pour un sous quant à une utlisation quotidienne. Je peux lancer plus de 5 programmes en même temps, sans que mon processeur pleure le moins du monde. Je ne peux plus jouer, bien sûr, mais le confort d’utilisation gagné compense largement (de toute façon, les jeux, c’est pour les gamins, merde). J’ai même trouvé l’équivalent de cubase sous linux. Bref, je me suis libéré de mes chaînes, j’espère que mon expérience pourra servir à d’autres.

    *la moitié des participants des  »windeuziens anonymes » prend l’autre moitié dans ses bras, dans un élan de joie incontrôlé

    – Bon, en effet, un problème se pose tout de même. Ma moeuf, bien que très intéressée pour avoir ubuntu sur son propre ordi, a l’air d’en avoir un peu marre non seulement de me voir customiser mon bureau et m’y extasier devant à longueur de journée, mais en plus de m’entendre faire du prosélytisme pro-linux… (je suis absolument sûr et certain qu’elle est la seule de toutes les compagnes à penser cela 😉 )

    *Nous connaissons tous cela, Julien, mais comme tu le sais très bien, il faut être fort, ne pas se laisser dévier du droit chemin… Regarder en arrière la route parcourue, et se convaincre que chaque pas en avant, fût-il le plus minime, est une avancée vers la liberté… Maintenant, applaudissons tous bien fort Julien, qu’il soit un exemple de détermination pour nous tous…*

    (hmmm… j’ai un peu mal à la tête moi tiens…)

  20. unsEEn

    Arff… Arrrrgghhh…………… Nooon pas çaaaaaa !!!! =( =( :bloody:

    😉

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