• Publication publiée :6/8/2005
  • Post category:Politique

Brother, l’exploitation et l’acceptation

On sait comment se fait le décollage éco de la Chine, et quel est le prix à payer pour ses habitants. Sous couvert des bonnes vieilles formules économiques, on nous explique que c’est « un passage obligatoire », que « nous aussi on est passé par là ». Et comme toujours, on accepte des explications d’une science économique qui ne cesse d’être prise en défaut, qui ne cesse de se planter; on l’accepte quand elle nous permet de fermer les yeux sur la réalité, l’exploitation inhumaine, la famine, l’insalubrité, la torture, et tant d’autres.

L’entreprise Brother fait des imprimantes en Chine, et elle les fait bien; du moins, elle les fait bon marché. Cet article de 01.net explique quelles conditions de vie endurent ces individus, sacrifiés pour que Brother puisse faire des profits. Et bien sûr, on accepte que des individus endurent toutes ces peines/sévices, puisque c’est pour le bien du plus grand nombre. En passant, on se rapproche d’une vision staliniste, un peu tout ce que combattent les néo-libéraux à l’origine de cette théorie, mais passons.

Ce qui me choque dans cette page, outre l’indifférence totale du monde occidental à cette réalité, c’est la stupidité et l’incompréhension du phénomène d’industrialisation forcée :

Le 1/08/2005 à 20:49 par j-pierre
c’est bien pour eux
il vaut mieux qu’ils travaillent 8a10 heures dans les usines pour un salaire,plutot que 15 heures dans les champs pour 0 euros .

Sans vouloir rentrer dans les contre-argumentaires 1/ moral de la justification de l’exploitation, 2/ commercial de savoir à qui profite ce développement, je dois dire que depuis mon adolescence j’ai de la peine avec ce raisonnement : « à choisir entre me couper un bras et me couper les deux bras, je préfère un bras ». Parfait, et qui nous oblige à nous couper quoi que ce soit ? Ne serait-ce pas des relents de philosophie chrétienne, avec l’idée de prix à payer pour tout bonheur acquis ?

Cette approche est désespérante de fatalisme. Bosser 12 heures dans une usine (et non pas 8-10h, puisque j-pierre ne semble pas savoir lire) plutôt qu’en faire plus dans des champs ? Tout dépend des termes dans lesquels on pose l’équation. Evidemment que si l’on explique qu’il n’y a pas d’alternative entre les deux, on choisit le moindre mal. Et toute la supercherie de la chose repose sur l’entéléchie nous enfermant dans ce carcan conceptuel du choix binaire : l’action est binaire, mais pas la théorie. Il faut arrêter de croire à ces contes pour enfants, les bouquins d’histoire existent, et les grands Hommes sont toujours ceux qui ont trouvé des solutions là où les autres n’en voyaient pas.

Mais j-pierre continue :

Le 2/08/2005 à 00:30 par j-pierre
tout faux mec…
soit realiste ,c’est ce job ou la famine,(sans parler de la prostitution).
le salaire moyen en chine est 50 euros,tu va pas les payer 1200 euros du jour au lendemain(t’imagine le bazar),
nos grand parent a 14 ans ils travaillaient dans les champs pour aider la famille personne n’etait choquer.
le developement d’un pays de 1,5 milliard de gens ne vat pas a la meme vitesse q’un pays de 60 millions de type.

Oui, on a parfois fait des erreurs. Bien que pas exprimé directement, c’est un peu latent dans ce message, nous aussi on a fait des sacrifices autrefois. Mais est-ce que c’est une raison pour laisser les autres les commettre à nouveaux ? Car si c’était vaguement bosser à partir de 14 ans dans les champs, je ne crois pas qu’il y aurait de quoi s’effaroucher; mais ce n’est pas de cela dont on parle, mais bien d’exploitation type 19ème siècle, qui mena au révoltes des luddistes. Quand on fait des erreurs, on a le droit d’apprendre de celles-ci. Et l’apprentissage, on peut en faire profiter les autres.

En résumé, il faut avoir un minimum d’honnêteté. Quelques que soient les arguements utilisés sur ce sujet, ils sont tenus uniquement par un désir égoïste de se voiler la face (fatalisme) et/ou de vouloir payer moins cher ses produits (matérialisme). C’est cela la vérité, et pas ces pseudos-théories économiques à 2 balles, souvent très simplifiées d’ailleurs.

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